La protection de l'eau au Québec : notre affaire à tous et à toutes

Dix pour cent (10 %) du territoire du Québec est recouvert d’eau douce. Avec ses dizaines de milliers de rivières et plus de trois millions de plans d’eau, le Québec possède 3 % des réserves d’eau douce renouvelables de la planète. Près de 40 % de toute cette eau se concentre dans le bassin hydrographique du Saint-Laurent! L’État en est le gardien, mais pour que cette ressource soit toujours abondante et de qualité, et ce, autant pour la population que pour les écosystèmes et les habitats fauniques, nous avons toutes et tous un rôle à jouer.

En tant que citoyens, il importe de protéger l’eau qui nous rend de nombreux services. Par exemple, nous consommons de l’eau potable et de l’hydroélectricité, nous sommes des baigneurs ou encore des adeptes de la pêche à la mouche ou de la navigation de plaisance. L’eau, c’est une question de santé, de bien-être, d’alimentation, d’économie, de loisirs et de consommation, mais également une question de culture pour les Québécoises et les Québécois.

Plusieurs autres acteurs, tels que les industries, le monde agricole et les municipalités, ont un rôle de premier plan à jouer. Ils sont responsables de traiter les eaux usées domestiques ou industrielles, d’instaurer des pratiques écoresponsables et d’exploiter les ressources selon les règles de l’art et la législation environnementale.

Grâce à un processus permanent de concertation, à un encadrement efficace et à des connaissances à jour, il devient possible de préserver collectivement cette richesse et d’en faire une utilisation responsable.

Une gestion intégrée de l’eau par bassin versant

Au Québec, la protection de l’eau passe par une saine gestion du territoire à l’échelle des bassins versants. C’est ce que nous appelons la « gestion intégrée de l’eau par bassin versant ». Un bassin versant est un territoire sur lequel toutes les eaux s’écoulent vers un même point. Pour prendre en compte les bassins versants de son territoire, le Québec a délimité 40 zones de gestion intégrée de l’eau par bassin versant, comme le montre la figure 1.

Figure 1 : Zones de gestion intégrée de l'eau par bassins versants

 La gestion intégrée de l’eau par bassin versant tient compte de tout ce qui se passe dans un bassin donné, y compris les activités humaines et les activités naturelles. Cette approche est essentielle pour mieux comprendre les problèmes liés à l’eau et y trouver des solutions communes. Elle vise la concertation et la responsabilisation accrue des divers acteurs de l’eau et de la population. Elle permet de mettre en relation et de faire contribuer les acteurs du bassin versant qui ont une expertise et un savoir-faire dans la protection ou la mise en valeur de l’eau.

L’organisme mandaté par le gouvernement pour coordonner cette gestion est l’organisme de bassin versant (OBV). Celui-ci est formé de représentants de différents secteurs d’activité, tels que les municipalités, le milieu industriel, le milieu agricole, les groupes environnementaux, les communautés autochtones et les citoyens. Au nombre de 40, dont 11 contribuent à la santé des rivières à saumon, les OBV sont des tables de concertation et de planification désignées par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Leur mandat principal est d’élaborer un plan directeur de l’eau présentant un portrait, un diagnostic et les enjeux du bassin versant, ainsi qu’un plan d’action et des objectifs à atteindre. Les gestionnaires de rivières à saumon, par exemple, sont des acteurs de l’eau susceptibles d’inscrire des actions dans les plans directeurs de l’eau de leur territoire et d’en assurer la mise en œuvre.

Une approche similaire est également proposée pour la gestion intégrée du Saint-Laurent. Au nombre de 12, les tables de concertation régionales (TCR) seront ainsi instaurées de manière progressive (figure 2). À terme, cela permettra d’étendre l’approche de gestion intégrée des ressources en eau à l’ensemble du sud Québec en complétant le territoire déjà couvert par la gestion intégrée de l’eau par bassin versant.

 

Figure 2 : Zones de gestion intégrée de l’eau du Saint-Laurent 

Le gouvernement en action 

Le MELCC accompagne les OBV dans la coordination et la mise en œuvre de la gestion intégrée de l’eau par bassin versant. Il joue également un rôle central dans la gestion intégrée de l’eau au Québec, et ce, de plusieurs façons. En voici quelques exemples :

  • Mettre en place un cadre légal pour protéger l’eau et la santé de la population

Que ce soit pour encadrer les sources de pollution du milieu aquatique, les prélèvements d’eau ou la sécurité des quelque 6000 barrages du Québec, le MELCC administre plusieurs lois et règlements en rapport avec l’eau. Ceux-ci permettent d’assurer une gestion des ressources en eau qui soit durable, équitable et efficace et qui prenne en compte le principe de précaution, les changements climatiques et la conciliation des différents usages. Le Centre de contrôle environnemental du Québec est présent dans toutes les régions du Québec pour s’assurer du respect de la législation environnementale et, au besoin, sévir contre les contrevenants.

 Prévoir et gérer le débit des rivières pour mieux s’adapter aux changements climatiques 

Les connaissances liées aux régimes d’écoulement des eaux dans les rivières du Québec sont hautement stratégiques, notamment pour la gestion de la pêche au saumon. Or, le débit des rivières subit déjà les impacts des changements climatiques. Pour cette raison, les crues printanières et le débit minimal des rivières en été (étiage) sont deux domaines de connaissances qui font d’ores et déjà l’objet de modélisations. À titre d’exemple, il est maintenant possible d’estimer les débits des rivières à l’horizon 2050 ou encore de prévoir les inondations qui pourraient survenir dans quelques jours. Grâce à ces connaissances, le MELCC est en mesure d’adapter la gestion des barrages dont il a la charge pour réduire les risques d’inondations en aval. Pour en savoir plus sur le rôle des barrages lors des crues printanières, nous vous invitons à visionner cette courte vidéo : Le rôle des barrages lors des crues printanières, disponible sur la chaîne YouTube d’Environnement Québec.

 Suivre l’état de l’eau - Connaître pour mieux protéger

Différents réseaux de suivi sont en place dans le but de caractériser la qualité ou la quantité de l’eau des rivières, des lacs, du fleuve, ou celle de l’eau souterraine. Il est ainsi possible de brosser un portrait de l’eau au Québec et de suivre son évolution dans le temps. Les connaissances ainsi produites permettent de prioriser les actions sur le territoire et de mobiliser les acteurs pour agir là où les problématiques sont les plus importantes. Plusieurs partenaires contribuent grandement à différents réseaux de suivi du milieu aquatique, comme le Réseau-rivières ou le Réseau de suivi volontaire des lacs (RSVL). D’ailleurs, toute personne ou organisation (association de riverains, municipalité, etc.) ayant à cœur l’état d’un lac peut s’inscrire au RSVL.

  •  Diffuser les connaissances pour impliquer les partenaires et les citoyens

Pour diffuser les connaissances existantes, le MELCC rend disponibles plusieurs outils sur son site Web, qui permet de joindre différentes personnes intéressées par l’eau.

 Le premier est le Rapport sur l’état des ressources en eau et des écosystèmes aquatiques du Québec, dont l’édition 2020 a été publiée récemment. Il s’agit d’un portrait élaboré de l’état actuel de l’eau et de son évolution dans le temps. Il présente les informations disponibles sur les eaux souterraines, les milieux humides, les lacs, les rivières, le fleuve, l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, ainsi que sur les milieux nordiques. Mettant en valeur l’expertise du gouvernement du Québec, il est destiné aux initiés du domaine ou à toute personne qui souhaite en apprendre davantage sur l’eau.

 De son côté, l’Atlas de l’eau est une carte interactive qui diffuse de l’information d’intérêt public concernant, entre autres choses, les sources de pollution du milieu aquatique et la qualité de l’eau et des écosystèmes (lacs, rivières et fleuve). Il est mis à jour régulièrement pour permettre l’ajout de nouvelles données et actualiser les connaissances disponibles, lesquelles évoluent sans cesse. De nouveaux indices y font leur apparition au fil des ans pour mieux caractériser les sources de pollution et prendre en compte les impacts cumulés des différentes pressions exercées sur le milieu aquatique, mais surtout pour mieux vulgariser les connaissances disponibles.

 Enfin, le Portail des connaissances sur l’eau s’adresse plus particulièrement aux professionnels du domaine de l’eau. Cette plateforme collaborative permet aux utilisateurs de contribuer à l’acquisition et à la diffusion des connaissances sur l’eau. Elle peut être d’un grand intérêt, notamment pour les gestionnaires de rivières à saumon qui, en s’y abonnant, peuvent bénéficier d’une quantité importante d’informations sur l’eau et utiliser les outils de collaboration disponibles.

 En matière de protection de l’eau, les défis et les intérêts sont multiples, et les enjeux, complexes. Il devient donc primordial que chacun fasse sa part et que les connaissances soient accessibles à toutes et à tous. Bien que l’expertise du Québec en gestion de l’eau soit colossale, il est essentiel que la population soit sensibilisée à ses principaux enjeux, mais aussi impliquée dans les solutions à mettre en œuvre.

 Les pêcheurs et les gestionnaires de rivières à saumon, comme d’autres parties prenantes, sont des acteurs de premier plan dans la protection de notre eau et des espèces qui y vivent.

Partageons nos connaissances et notre savoir-faire en matière de gestion de l’eau.

Agissons de façon responsable envers cette belle richesse collective.

 Soyons fiers de notre eau et prenons-en soin tous les jours!