Dénombrement du saumon à l’aide de compteurs automatiques

UN EXEMPLE DE PARTENARIAT PERMETTANT DE DÉVELOPPER LE RÉSEAU DE SUIVI DES MONTAISONS DU QUÉBEC

Le Québec compte plus d’une centaine de rivières à saumon dont certaines font l’objet d’une renommée internationale. Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) gère l’exploitation sportive de cette espèce en appliquant des modalités adaptées au niveau d’abondance de la ressource définies en fonction de l’atteinte de seuils de conservation établis pour chacune des rivières (voir Plan de gestion du saumon atlantique 2016-2026). Cette approche nécessite de dénombrer le saumon sur le plus grand nombre de rivières possible afin de déterminer le niveau d’atteinte des seuils de conservation.

Ce mode de gestion, reconnu et cité en exemple internationalement, repose sur le partenariat et les efforts déployés par le MFFP et les organismes gestionnaires des activités de pêche au saumon. En effet, au Québec, grâce à ce système, l’abondance du saumon en montaison est connue sur plus de 35 rivières annuellement, ce qui représente environ la moitié des rivières dénombrées dans l’ensemble des plus de 500 rivières à saumon du Canada. Par ailleurs, puisqu’au Québec l’effort de pêche par rivière est connu et que l’enregistrement des captures est obligatoire, il est possible d’établir que plus de 80 % de l’effort de pêche et plus de 60 % des captures sur le territoire québécois, incluant les remises à l’eau, sont effectuées sur des rivières faisant l’objet d’un dénombrement des individus. Les données récoltées lors des décomptes sont donc représentatives de l’état de situation des populations exploitées sportivement et permettent de suivre fidèlement leur évolution.

Afin de pérenniser et de bonifier les efforts déployés pour la saine gestion de l’espèce au Québec, le MFFP a identifié dans le Plan de gestion du saumon atlantique 2016-2026 la nécessité de consolider le réseau de suivi des montaisons puisque celui-ci est à la base de la gestion fine de l’espèce. C’est dans ce contexte que le MFFP a mis sur pied en 2016 une mesure financière visant à soutenir financièrement les organismes qui effectuent le dénombrement du saumon, et ce, parfois depuis de nombreuses années, ainsi que pour inciter d’autres organismes à effectuer le dénombrement du saumon sur leur territoire. De plus, en 2017, un projet pilote de dénombrement du saumon à l’aide de compteurs automatiques a été effectué sur les rivières Petit-Saguenay et Matane par le MFFP en collaboration avec la Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA) et les organismes gestionnaires concernés.

Parallèlement à ces démarches, le gouvernement du Québec a annoncé la mise en œuvre du Plan de développement de la pêche au saumon 2017-2022 (PDPS). Cette mesure prévoit l’attribution de montants pour soutenir les organismes effectuant des décomptes en plus de réserver une somme pour le développement de nouveaux projets sur des rivières qui ne font pas l’objet d’un décompte des saumons. Ainsi, un volet du PDPS vise spécifiquement à poursuivre un des objectifs du plan de gestion, soit la consolidation et le développement du réseau de suivi des montaisons au Québec.

C’est donc à partir des projets sur les rivières Matane et Petit-Saguenay et des budgets du PDPS qu’est née une relation de partenariat entre le MFFP, la FQSA et les organismes impliqués pour effectuer le dénombrement du saumon à l’aide de barrières de comptage munies de compteurs automatiques.

Il existe plusieurs types de compteurs automatiques et celui utilisé dans les projets présentés précédemment est muni de faisceaux lasers qui détectent le passage d’un poisson et le sens de son déplacement en plus de fournir une estimation de sa longueur (Image 1). Le dispositif est également muni de deux caméras permettant de confirmer l’identification de l’espèce. Dans le cas du saumon, il est nécessaire de différencier les madeleineaux (petits saumons) des rédibermarins (grands saumons) afin de déterminer de la manière la plus précise possible la déposition d’œufs en fin de saison et conséquemment l’atteinte du seuil de conservation.

Image 1 Crédit photo - WSP Canada / Compteur automatique utilisé et faisceaux lasers

Cette technologie nécessite une expertise de pointe pour son opération, mais requiert généralement aussi le déploiement d’une barrière visant à concentrer le poisson vers l’endroit où ils y seront dénombrés de manière automatisée (Image 2). Alors que le déploiement du compteur et le traitement des données qu’il génère sont confiés à une firme spécialisée, la contribution du MFFP consiste en l’assemblage de la barrière de comptage avec le soutien des organismes impliqués. Par la suite, une fois le dispositif en opération, son entretien est effectué par le gestionnaire des activités de pêche ou un organisme de bassin versant. Ces organisations sont les mieux placées pour la réalisation de cette tâche en raison de leur proximité avec la rivière et leur connaissance de ses particularités, notamment sa réaction aux fluctuations de débits qui peuvent entraîner des bris aux structures.

Image 2. Crédit photo - MFFP / Barrière rivière Petit-Saguenay

À ce sujet, l’entretien n’est pas une tâche à prendre à la légère puisqu’elle est essentielle au bon déroulement des opérations. Cela nécessite de retirer les débris qui peuvent s’accumuler dans le dispositif à la suite de crues pour éviter les bris (Image 3). Il est également nécessaire de vérifier régulièrement l’étanchéité de la barrière pour s’assurer que les poissons sont contraints de passer dans le compteur automatique afin de garantir le recensement total de la population. Une brèche dans la barrière qui permettrait le passage de saumon sans que celui-ci ne soit dénombré par le compteur fausserait les résultats obtenus en sous-estimant la montaison réelle. Un nettoyage du compteur doit également être effectué sur une base hebdomadaire pour assurer son bon fonctionnement. Finalement, à la fin de la saison de montaison, le MFFP et les organismes procèdent au démantèlement des barrières et le compteur est retiré de l’eau.

Image 3. Crédit photo - ACVG / Débris barrière du Gouffre

En 2018, première année de travaux terrain du PDPS, deux projets ont été réalisés avec succès, soit la poursuite du décompte amorcé en 2017 sur la rivière Petit-Saguenay et la mise sur pied d’un suivi sur la rivière Ouelle (Image 4).

Image 4. Crédit photo - OBAKIR / Barrière rivière Ouelle

En 2019, ce sont quatre projets qui ont été réalisés, soit la poursuite des dénombrements sur les rivières Petit-Saguenay et Ouelle, en plus du déploiement de compteurs automatiques sur les rivières Saint-Jean au Saguenay et du Gouffre dans la région de Charlevoix (Images 5 et 6).

Image 5. Crédit photo - MFFP / Barrière rivière du Gouffre

Image 6. Crédit photo - MFFP / Barrière rivière Saint-Jean

Ces projets ont tous permis d’atteindre l’objectif recherché, soit connaitre le nombre de saumons en montaison, mais ils ont également permis de raffiner nos connaissances sur les autres espèces aquatiques fréquentant ces rivières (Image 7).

Image 7. Crédit photo WSP Canada / Grands harles sur la rivière du Gouffre

En terminant, rappelons que le MFFP publie annuellement le bilan de l’exploitation du saumon au Québec dans lequel on retrouve les données de montaisons obtenues lors de la réalisation des projets de compteurs automatiques. Le document est accessible ici.

Le MFFP remercie les partenaires essentiels à la réalisation de ces projets.

  • Association de conservation de la vallée du Gouffre 
  • Association de la rivière Petit-Saguenay 
  • Corporation de gestion rivière Saint-Jean-Saguenay 
  • Fédération québécoise pour le saumon atlantique 
  • Organisme de bassin versant de Kamouraska, l’Islet et Rivière-du-Loup 
  • Société de gestion de la rivière Matane
  • WSP Canada
  • Centre de formation professionnelle du Fjord